par Pierrick Fenies

Position : 51°02 Sud ; 4°20 Est ; à un peu moins de 400 km au nord de l’île de Bouvet.

Température de l’air : entre 3 et 5°C

Température de l’eau : 3,27 °C

Salinité de l’eau de mer : 33,834 PSU

Nous avons atteint le site 5 pendant la nuit, les vents sont retombés et les vagues se sont calmées. Il n’y a plus que la brume qui semble former une enceinte autour du navire. La journée est principalement consacrée à terminer l’analyse de la carotte prélevée la veille au site 4 et, en parallèle, au carottage du site 5. Les deux sites étaient très rapprochés alors nous n’aurons pas vraiment de pause entre les deux. A peine avons-nous terminer l’analyse des carottes du site 4 que nous devons passer à celles du site 5.

Mais au fait, qu’est ce que l’on cherche dans le sédiment marin ?

Pour le paléoclimatologue, l’intérêt se trouve en grande partie sur les coquilles de micro-organismes marins qui constituent le sédiment. On distingue quatre grandes familles de micro-organismes :

1. Les radiolaires qui sont des organismes composés d’une seule cellule (unicellulaire) et possédant une squelette siliceux. La diversité des différentes formes de leurs coquilles siliceuses permet de différenciation visuelle des espèces. Ces différentes espèces sont alors utilisées pour la datation et la reconstitution des conditions physico-chimiques de l’océan dans le passé.
2. Les coccolithophoridés qui sont des algues unicellulaires calcaires de très petite taille (0,01 mm). La coquille de cette algue est sphérique et se compose de plaques calcaires en forme de disque. À la mort de l’organisme, ces plaques peuvent se dissocier et s’accumuler pour former une roche calcaire que vous connaissez bien : la craie. Oui, celle que vous utilisez pour écrire sur le tableau noire dans les écoles. Celle-là même qui constitue aussi les grandes falaises blanches de plusieurs dizaines de mètres de hauteur en Normandie. Comme quoi, de petits organismes peuvent construire de grandes choses quand ils travaillent ensemble ! Ils servent principalement à la datation et à la reconstitution des températures de surface.
3. Les foraminifères sont des organismes unicellulaires, le plus souvent marin bien qu’on en retrouve dans les lacs et dans les estuaires. Quand ils meurent, la coquille calcaire qu’ils ont précipité pour s’y habriter tombe au fond de l’océan. Or les foraminifères présentent une très grande diversité de morphologie de coquille qui est fonction des espèces, permettant de les dinstinguer les unes des autres. Il est ainsi possible de faire des assemblages d’espèces permettant de reconstituer les paramètres physico-chimiques de l’océan en les comparant aux assemblages d’espèces actuelles. Un autre intérêt réside dans la chimie de ces coquilles qui varie en fonction des conditions physico-chimiques de l’océan, elles mêmes dépendantes du climat terrestre. En étudiant la chimie de ces coquilles, il nous ait ainsi possible de retrouver les cycles climatiques  et ainsi de les étudier.
4. Les diatomées sont des algues unicellulaires que l’on retrouve soit dans l’océan, soit dans les lacs. Leurs coquilles en silice les rend très résistantes et elles sont donc en général très bien conservées dans le sédiment marin. Les diatomées sont des organismes qui ont une réponse très rapide aux variations des conditions physico-chimiques de l’eau dans laquelle elles évoluent. Ainsi la variation d’espèces que l’on peut observer quand on analyse le sédiment témoigne des variations conditions physi-chimiques de l’océan ou du lac dans le passé et permet de reconstituer ces conditions. Or, comme vous avez du le comprendre, les conditions environnementales de l’océan sont liées aux conditions climatiques locales ou mondiales, il est ainsi possible de remonter jusqu’à ces dernières à l’aide des diatomées.